Dessin de Thomas Fuller (1S4)
Dans le cadre du cours d’EFCK (Éléments Fondamentaux de la Culture Kanak), des élèves de 1ère, accompagnés de leurs professeurs, Mme Chartier et M. Case, sont devenus les auteurs de contes mélanésiens. Découvrez chaque semaine sur notre site, l’une de ces créations littéraires…
WA NA et MA TRA
C’était la veille de l’anniversaire de Ma Tra, un père de famille heureux dont la fille se nommait Wa Na. Celle-ci était jeune, belle, courageuse, aventurière mais insouciante. Tous deux vivaient dans une tribu qui bordait la mer sur l’île de Balabio, protégée par Ôzaaba, l’esprit de la marée.
Pour l’anniversaire de son père, Wa Na décida de lui faire une surprise.
Une fois la nuit tombée, pendant que toute la tribu dormait paisiblement, Wa Na, qui avait veillé, se préparait à partir. Elle prit son panier tressé et alla en direction de la mer. Comme prévu, la marée était basse. Elle se mit donc à ramasser tous les petits coquillages qui se trouvaient au bord.
Mais cela ne lui suffisait pas et elle dut s’éloigner du rivage afin d’en trouver de plus gros.
Elle était à présent loin du bord de la plage. Au bout de quelques heures, son panier était tellement plein qu’elle dut utiliser son manou pour collecter les derniers coquillages. Une fois qu’elle eut tout ramassé, elle prit le chemin du retour sans s’apercevoir que la marée, qui était remontée, lui bloquait le passage. Elle essaya donc de nager vers la rive mais se rendit rapidement compte qu’elle n’avançait point.
C’était Ôzaaba, l’esprit de la marée, mécontent de la pêche excessive de Wa Na, qui l’empêchait de rentrer chez elle.
La jeune fille se fît alors emporter dans le royaume sous-marin d’Ôzaaba.
Le soleil se leva sur le village endormi qui se réveilla paisiblement. Toute la tribu souhaita un joyeux anniversaire à Ma Tra mais celui-ci remarqua tout de suite l’absence de sa fille.
Il se mit à la chercher partout ; dans la tribu et aux alentours puis sur la plage. Il avait parcouru l’île toute entière mais ne trouva pas une seule trace de sa fille. Il était inquiet et malheureux au milieu des festivités. Personne ne savait où elle se trouvait et Ma Tra, submergé par le chagrin, se mit à pleurer au bord de l’eau. Soudain, il aperçut un bout de tissu flottant à la surface. Effrayé, il reconnut rapidement le manou de sa fille. Pris de panique et ne sachant plus quoi faire, il nagea vers le large espérant la retrouver. Après un long chemin, Ma Tra, épuisé, exténué et à bout de souffle entendit une voix lointaine qui se rapprochait peu à peu de lui.
Il s’avéra que cette voix était celle d’une tortue.
– Tu me sembles bien désespéré, mon ami. Que t’arrive-t-il ?
– Mais… Qui es-tu ?
– Je suis la tortue Nindra. Que fais-tu seul si loin de ton village ?
– J’ai perdu ma fille. Elle a disparu et je la cherche désespérément. J’ai trouvé un bout de manou qui lui appartient flottant sur l’eau. Je suis certain qu’elle est dans les parages.
– Je vois. Voudrais-tu de mon aide ? Vois-tu, j’aime aider les hommes et je serai ravie d’en faire autant pour toi mon ami.
– Oui, avec plaisir !
– As-tu toujours le morceau de manou ? Je pourrais peut-être retrouver sa trace …
– Tiens… Ma Tra lui rendit le tissu. Alors ?
– Il me semble l’avoir vue quelque part… Ça y est, je m’en souviens ! Je l’ai aperçue sur le platier hier soir. Elle ramassait les coquillages et avait un panier rempli. Peut-être Ôzaaba l’a-t-elle punie.
– Je t’en prie, aide moi à la retrouver !
– D’accord, accroche-toi bien à ma carapace. Nous allons descendre vers le royaume d’Ôzaaba. Une fois arrivé dans son domaine, tu pourras respirer.
Les deux compagnons descendirent jusqu’au royaume sous-marin. C’était un bel endroit. Les coquillages garnissaient les murs, les coraux formaient une belle forêt multicolore et la paix régnait. Nindra frappa à la porte d’Ôzaaba et ce dernier ouvrit.
– Qui ose me déranger ? Que voulez-vous ?
– Bonjour je m’appelle Ma Tra. Je suis du village voisin et j’ai perdu ma fille Wa Na.
– Ta fille a abusé de la mer, de ses ressources, je l’ai donc punie. Si tu veux la récupérer, tu devras faire une offrande pour le pardon de ta fille. Tu me donneras une part de vos récoltes pour les trois prochaines saisons.
– Si c’est le prix à payer pour revoir ma fille … J’accepte.
La proposition ayant été acceptée, Ôzaaba lui rendit sa fille et tous les trois, Nindra, Wa Na et Ma Tra quittèrent le royaume.
Une fois au bord de la plage, Ma Tra remercia infiniment Nindra et lui offrit de la nourriture. La tortue fit ses adieux avant de partir et le père et la fille se retrouvèrent seuls.
Ils se prirent tous deux dans les bras avec des larmes de joie et fêtèrent l’anniversaire de Ma Tra. Ce fut le plus joyeux et le plus bel anniversaire de la tribu.
Depuis ce jour, chacun sut qu’il fallait respecter la nature sinon on disparaîtrait comme on l’aurait fait disparaitre.
Sigfroy LOTHE, Tim ROLLAND, Thomas FULLER (1S4)
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